Graine de voyou

Louis Aimé PROFICHET est le petit dernier d’une fratrie de quatre enfants.

Né le 9 juillet 1859 à Pierrefitte-en-Cinglais, petit village du Calvados, il avait été précédé de Marie Augustine, née en 1847, et légitimée lors du mariage de ses parents, Auguste Virgile PROFICHET, domestique, et Virginie LEFEVRE, le 18 avril 1853.

Il avait aussi deux frères ainés, Auguste Victor, né en 1854 et Paul Nestor né en 1856.

Famille PROFICHET – Heredis – Famille XXL

Sa famille paternelle est originaire de la petite ville de Flers, située à une trentaine de kilomètres de là, et qui a connu une grosse expansion dans la première moitié du XIXème siècle.

Sa famille maternelle est implantée depuis plus longtemps à Pierrefitte-en-Cinglais, et son grand-père maternel, Nicolas Jean Louis François LEFEVRE, a servi sous Napoléon 1er.

registre matricule – 121ème RI de ligne – GR 21 YC 859 – SHD

Louis Aimé PROFICHET est très précoce dans la délinquance. Il n’a pas encore 11 ans quand il passe devant le Tribunal de Falaise pour vol, le 6 mai 1870. On considèrera qu’à son âge, il manque de discernement. Il ne sera pas condamné, mais toutefois envoyé en maison de correction jusqu’à ses 18 ans.

Il n’est cependant pas le seul de la famille à avoir eu affaire avec la justice, puisque son oncle, Jules Nicolas PROFICHET, couvreur, déjà condamné le 26 mai 1848 par le Tribunal d’Argentan à 3 mois de prison pour vol, avait été condamné à 5 ans de travaux forcés le 4 juillet 1853 par la Cour d’Assises d’Alençon toujours pour vol. Il partira pour la Guyane le 12 février 1855 à bord de l’Erigone, passera 4.2 le 8 juillet 1858 et reviendra en France se marier le 3 novembre 1859 à Flers avec Victoire Elise FORGET. Son frère, Auguste Victor, sera lui aussi condamné pour vol, à 3 mois de prison, à Falaise, le 2 juin 1876.

registre matricule PROFICHET Jules Nicolas – bagne de Brest – SHD 2 O 37 – Mémoires des Hommes
extrait du matricule PROFICHET Jules Nicolas – matricule 3097 – ANOM

registre matricule PROFICHET Auguste Victor – classe 1874 – Falaise – AD du Calvados

Pendant qu’il est enfermé, sa sœur ainée, Marie Augustine, épouse Louis Eugène JULIENNE, le 20 novembre 1872, à Falaise et son frère, Auguste Victor, se marie avec Louise Clémentine PIQUOT, le 30 novembre 1877 à Grandchamp-le-Château.

Après sa sortie de maison de correction, Louis Aimé, qui sait lire et écrire, travaille comme journalier. Mais il recommence à voler, et cette fois avec violence.


Le 22 avril 1878, dans la soirée, la pluie tombe à seaux sur Pierrefitte-en-Cinglais. Le sieur VORNIÈRE, habitant du village, s’est fait surprendre par l’averse et il entre, pour s’abriter, dans la maison de la famille PROFICHET, où se trouvent Louis Aimé et sa mère. Il y reste quelques temps et a l’imprudence, dans la conversation, de dire qu’il est porteur d’une certaine somme d’argent.

carte postale Pierrefitte-en-Cinglais – geneanet

Vers 21 h 30, la pluie ayant cessé, il quitte ses hôtes, mais il n’a pas fait cinquante pas qu’il reçoit un violent coup sur la tête. Terrassé, il ne perd cependant pas connaissance et reconnait Louis Aimé PROFICHET qu’il vient de quitter. L’agresseur lui écarte les bras et s’empare de sa bourse, qui contenait 150 francs. Mais le sieur VORNIÈRE réussit à ouvrir son couteau. Il en porte deux coups à son adversaire et parvient à se dégager.

Le lendemain, PROFICHET, blessé et ensanglanté, se décida à faire des aveux et à rendre la bourse qu’il avait cachée sous son traversin. Elle ne contenait plus que 128 francs 55 centimes.

Pour cette agression, il comparait devant la Cour d’Assises du Calvados, à Caen, lors de son audience du 22 mai 1878, présidée par Monsieur le conseiller GABIOT, sous l’inculpation de vol sur un chemin public, la nuit, à l’aide de violence.

Maitre Abel DELANGLE, son défenseur, obtiendra les circonstances atténuantes, et Louis Aimé sera condamné à la peine de 12 ans de travaux forcés, assortis de 10 ans de surveillance.

extrait du « Journal de Caen » – 24 mai 1878 – page 3 – AD du Calvados

Mais revenons à Louis Aimé PROFICHET. Il se pourvoira en cassation, mais son pourvoi sera rejeté le 28 juin 1878.

Il arrivera au dépôt de l’Ile de Ré le 20 juillet 1878.


Au bagne, Louis Aimé passera 1ère classe le 1er octobre 1882. Un délit le fera rétrograder le 11 septembre 1887, mais ne retardera en rien son passage en 4.1 n° 7402 le 28 juin 1890.

Il vivra encore presque 16 ans dans la colonie et décèdera le 17 avril 1906 à Thio. Il avait seulement 44 ans. De ses années de jeunesse agitées, il avait gardé quelques cicatrices, au front, au bras gauche et à la poitrine.

Son décès sera transcrit à Pierrefitte-en-Cinglais le 17 septembre 1906.

En France, les parents de Louis Aimé étaient restés à Pierrefitte-en-Cinglais. Son père, Auguste Virgile PROFICHET, y est décédé le 7 juillet 1885 et sa mère, Virginie LEFEVRE, le 8 juin 1911.

Les frères et la soeur de Louis Aimé avaient quitté Pierrefitte-en-Cinglais.

Marie Augustine est décédée en 1936 à Caen, à l’âge de 88 ans. Auguste Victor, journalier, est décédé en 1901 à Grandchamp-le-Château.

Paul Nestor, journalier, son autre frère, résidait à Martigny-sur-L’Ante. Cependant, ivrogne et brutal, il avait abandonné, dès 1887, son épouse Marie Joséphine ROUSSEL et l’enfant issu de leur mariage, les laissant sans ressources. Celle-ci obtiendra le divorce à son profit en 1899. Paul Nestor était retourné vivre avec sa mère, et il est décédé à Pierrefitte-en-Cinglais.


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